EBEN a joué des coudes pour devenir aussi le syndicat des intégrateurs télécoms
Pour des raisons historiques, les intégrateurs télécoms appliquent en majorité la convention de la métallurgie qui n’est plus en adéquation avec leur métier.Crédit photo : D.R.
Dépourvus jusqu'ici d'une convention collective correspondant à leur métier, les intégrateurs télécoms figurent désormais dans celle défendue par la fédération EBEN. Pour devenir représentatif de la profession, le syndicat a dû lever l'opposition de l'HumAPP, son homologue de la branche télécoms.
La fédération EBEN (Entreprises du Bureau et du Numérique) défend et représente depuis de nombreuses années notamment les intérêts des entreprises engagées dans le commerce de proximité de produits informatiques et bureautiques. Tout récemment, le syndicat patronal a également obtenu d'inscrire le métier d'intégrateurs télécoms et d'opérateurs de services numériques de proximité dans la convention collective qu'il porte (idcc 1539). C'est l'aboutissement d'un long travail qui l'avait notamment amené à fusionner avec la FICOME en 2012, pour intégrer dans ses rangs nombre de professionnels de la communication d'entreprise. Si elle n'a obtenu de devenir représentative de ces prestataires que récemment, c'est parce que la fédération buttait jusqu'ici sur l'opposition de l'HumAPP. Cet autre syndicat patronal est le seul à défendre la convention collective nationale des télécommunications dans laquelle il voulait lui aussi faire figurer les intégrateurs télécoms.
Un accord conclu avec l'HumApp...
En réaction, EBEN a donc changé son fusil d'épaule en candidatant auprès du ministère du travail pour devenir, comme l'HumAPP, représentatif dans la branche télécoms. Une façon, explique la fédération présidée par Loïc Mignotte, de répondre à la demande de ses adhérents intégrateurs télécoms qui souhaitent appliquer une convention collective adaptée à leur activité. Pour des raisons historiques, ceux-ci appliquent en majorité la convention de la métallurgie qui n'est plus en adéquation avec leur métier. EBEN était sur le point d'obtenir le feu vert de l'administration mais, après différents échanges avec l'HumAPP, il lui est apparu plus opportun de retirer sa candidature et d'élargir le champ d'application de sa convention collective (idcc 1539) aux « entreprises indépendantes qui ont pour activité principale la vente, l'installation, l'intégration et la maintenance des infrastructures réseau et télécom internes de leurs clients ».
...qui n'avait pas trop le choix
Ça, c'est pour la version officielle. Elle élude le fait que c'est une passe d'armes qui s'est jouée entre les deux syndicats patronaux. Si la fédération a candidaté pour siéger à la table des négociations portant sur la convention des télécoms, c'était pour forcer la main de l'HumApp. EBEN sait en effet mieux que quiconque qu'il n'y a aucun intérêt pour les intégrateurs télécoms à rejoindre les quelques 50 adhérents (Orange, Colt, Altice-SFR, Bouygues Télécoms...) de l'HumAPP qui défend une convention collective taillée pour les opérateurs d'infrastructures. Mais en menaçant sérieusement le monopole de la représentativité de l'HumApp dans les télécoms, la fédération a obtenu de ce dernier qu'il abandonne ses velléités sur les intégrateurs télécoms.
Un échange de bon procédé avec le CDRT
Parallèlement à l'obtention d'obtenir le droit de défendre les intégrateurs télécoms sur le volet social, la fédération EBEN s'est associé aux CDRT (Club des Dirigeants Réseaux et Télécoms) sous la forme d'un échange de bon procédés. Ce club d'affaires, qui réunit des fournisseurs et des prestataires de services du monde des télécoms, va faire figurer dans ses événements des interventions d'EBEN pour fournir à ses adhérents des informations pointues sur les problématiques sociales et légales de la profession. Dans le sens inverse, le CDRT va intervenir auprès des membres d'EBEN pour fournir à ceux évoluant sur le marché des télécoms des informations pointues sur leur secteur avec une forte connotation technique. L'intérêt pour les deux partenaires est aussi de pouvoir élargir le nombre de leurs membres. Plus d'une centaine d'intégrateurs télécoms adhèrent au CDRT, contre 350 environ à la fédération EBEN.