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Paris, le 25 janvier 2022

Le Club des Dirigeants Réseaux et Télécoms (CDRT) et la Fédération des Entreprises du Bureau et du Numérique (EBEN) nouent un partenariat afin de porter la voix des intégrateurs télécoms et opérateurs de services numériques de proximité et de toujours mieux les accompagner.

Avec l’accélération de la transformation numérique des entreprises, les installateurs de services de téléphonie, de bureautique et de réseau informatique sont devenus de véritables opérateurs de solutions Cloud pour déployer des outils de télétravail et de sécurité des réseaux. Aujourd’hui, ces opérateurs de proximité représentent un partenaire de confiance pour des petites et moyennes entreprises en recherche d’un accompagnement adapté et d’un service de meilleure qualité.

Dans ce secteur en perpétuelle mutation, impacté par diverses évolutions législatives, réglementaires, et technologiques, le CDRT et la Fédération EBEN assureront de concert la représentation des intégrateurs télécoms et opérateurs de services numériques de proximité auprès de l’Arcep, des pouvoirs publics et des instances européennes.

Ce partenariat permettra également au CDRT et à la Fédération EBEN de mutualiser leurs compétences et ainsi de renforcer leurs expertises juridiques et techniques respectives.

Avec l’appui du CDRT, la Fédération EBEN ambitionne notamment d’élargir le champ d’application de sa convention collective (CCN 3252, IDCC 1539) à l’activité d’intégrateur télécoms – opérateurs de services numériques, ce qui lui permettra de proposer à ces entreprises une convention collective adaptée et de mettre en place une politique emploi-formation répondant aux problématiques spécifiques de ce métier.

Pour Loïc MIGNOTTE, Président d’EBEN :

« Ce partenariat va permettre à la Fédération EBEN d’enrichir son expertise métier dans le secteur des télécoms, de créer des synergies entre tous les acteurs de la filière et de renforcer notre pouvoir d’influence pour une meilleure défense des intérêts de nos PME.»

Pour Laurent SILVESTRI, Président du CDRT :

« Nous sommes convaincus que le partenariat avec la Fédération EBEN contribuera à enrichir l’accompagnement législatif et réglementaire nécessaires aux intégrateurs et opérateurs de services numériques de proximité. »

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ITW Laurent Silvestri – SB – Réseaux VRD n°261 -juillet 2020

Numérisation de l’économie : où en sont les PME ?

Le Covid-19 a apporté son lot de problèmes économiques mais il a aussi permis de mettre en lumière des points précis sur lesquels la France était en retard. C’est le cas pour les PME et le numérique. Une histoire d’amour qui a bien du mal à prendre son envol. Nous avons rencontré Laurent Silvestri, pdg d’OpenIP et président du CDRT, pour en savoir plus.

Réseaux VRD : Comment se portent les PME françaises ?

Laurent Silvestri : Le sujet est vaste mais comme élément de réponse, je vous dirais simplement qu’elles ont du mal à devenir des ETI (entreprises de taille intermédiaire, ndlr). Trouver une explication à cela en quelques mots serait très réducteur mais peut-être faut-il y voir un manque d’ambition, d’internationalisation ou encore de digitalisation.

R-VRD : Sur les services, est-il facile de concurrencer les GAFAM ?

  1. S.: C’est compliqué. Les entreprises ont tendance à aller vers les GAFAM ou des entreprises comme OVH pour le Cloud. Les tarifs y sont plus attractifs et, quoiqu’on en dise, le prix restent le critère principal de choix des PME. J’étais récemment à une soirée sur le thème de l’éco-responsabilité et du GreenIT : pour résumé, le sujet c’était « c’est bien de faire du Green, mais avant tout, il faut faire des économies ». Sans apporter d’économies, la PME ne va pas écouter mon discours sur l’écologie. Il faut prendre ça en compte.

R-VRD : Comment pousser les PME à voir plus loin que le prix ?

  1. S.: Par la pédagogie. Depuis l’ouverture de la concurrence, la seule chose qu’on a su leur proposer, c’est du tuyau avec un prix moins cher. C’est très réducteur. Les PMEs souhaitent être prises par la main et elles sont prêtes à payer pour bénéficier d’un partenaire numérique de confiance.

R-VRD : Comment expliquer que seulement 20% des PME soient équipées en fibre optique ?

  1. S.: C’est principalement parce qu’aujourd’hui, les offres fibre professionnelles sont les offres FTTO et FTTE. Or, ces offres fibres dédiées sont onéreuses et plutôt dédiées aux moyennes entreprises. Les petites entreprises ne refusent pas de s’équiper. Elles attendent des offres à des tarifs plus attractifs, avec GTR ou avec débit garanti. Ces offres sont récentes et encore loin de couvrir le territoire. Le retard d’équipement des PMEs s’explique par le fait que ces offres ne datent que de 2018. L’accélération du déploiement FTTH grand public depuis quelques années est une bonne nouvelle mais une entreprise ne peut fonctionner sereinement sans délai de temps de rétablissement (GTR) et sans débit garanti.

R-VRD : Avec l’arrivée de ces offres récentes, ressentez-vous une appétence des PME pour la fibre ?

  1. S.: Oui, bien sûr. Il y a une envie de numérique, de digitalisation. Mais la France a un vrai problème d’éducation numérique dans le cursus scolaire. Et un chef d’entreprise, quel qu’il soit, est encore peu « numérique ». Et c’est pareil pour les salariés qui ont du mal à se digitaliser. Les gens adorent le numérique pour faire des photos, regarder tous types de vidéos ou consulter les réseaux sociaux mais ils ne veulent pas prendre de cours d’informatique pour leur profession. De plus, on a un problème de prise de conscience du potentiel d’internet. Regardez les géants de la vente par correspondance qui n’ont pas su laisser leurs catalogues papier pour investir massivement le web : ils ont disparu. L’entreprise d’aujourd’hui doit être digitale.

R-VRD : Que peut apporter internet à une PME

  1. S.: Il y a des opportunités commerciales, des possibilités d’aller chercher de nouveaux clients car internet est le plus grand marché au monde. Mais il y a aussi des opportunités opérationnelles lorsque l’on dématérialise l’entreprise. Cela peut être une comptabilité en ligne, des notes de frais, des tickets restaurant ou encore la téléphonie dématérialisés. Cette dématérialisation est synonyme de productivité, d’amélioration de la rentabilité, d’attractivité pour le recrutement.

R-VRD : N’y a-t-il pas une part de crainte chez les PME à l’idée de tout dématérialiser ?

  1. S.: C’est un des éléments important en effet. Pendant longtemps, le réseau internet a manqué de fiabilité. Ce n’est plus du tout le cas d’autant que la fibre le fiabilise encore plus !

R-VRD : Vous parlez de la téléphonie. Comment peut-elle être dématérialisée ?

  1. S.: Par le cloud ! Mais c’est un sujet sur lequel la France est très en retard. Historiquement, le marché de la téléphonie d’entreprise en France est dominé par deux acteurs majeurs, Alcatel et Mitel (ex-Aastra, ex-Matra). Ces deux leaders historiques n’ont pas poussé leurs réseaux d’installateurs à privilégier la vente de matériel plutôt que de vendre du cloud. Pour illustrer le retard incroyable pris, encore aujourd’hui, Alcatel et Mitel n’ont pas d’offres cloud pour les PMEs. Depuis 4 à 5 ans, de nouveaux acteurs, trop souvent américains, arrivent en France avec des offres cloud, plus adaptées aux PMEs et récupèrent ce marché.

R-VRD : En quelques mots, c’est quoi la téléphonie sur le cloud ?

  1. S.: Pour faire simple, au lieu que le logiciel de téléphonie soit installé dans une boîte, elle-même installée dans un placard de l’entreprise, il est déployé sur une machine virtuelle, dans le cloud. C’est, en quelque sorte, la rapprochement de l’informatique et de la téléphonie. Et là, les possibilités sont énormes puisque, par exemple, on peut appeler ou chater avec son téléphone physique ou via une application sur son smartphone ou sur un PC… et cela, du monde entier !

R-VRD : 85 % des PME ont activé le télétravail, au moins partiel, pendant la crise de la Covid-19. Cela s’est-il fait sans heurts ?

  1. S.: Pas du tout. La plupart des gens ont activés des renvois sur leur téléphonie d’entreprises et sont partis avec leur téléphone mobile. Seul 11% des PMEs ont une téléphonie dans le cloud. Ce déploiement massif du télétravail a été un cauchemar en termes d’expérience utilisateur. De plus, on a pris d’énorme risque en termes de sécurité informatique. On parle d’une augmentation de 600 % des attaques informatiques ! Pour illustrer l’importance de développer une culture informatique de sécurité, je vous rappelle, il y a quelques mois, que le groupe Bouygues et toutes ses filiales ont été bloquées de longues journées à cause d’un ransomware.

R-VRD : Maintenant, tout est rentré dans l’ordre sur les réseaux des entreprises ?

  1. S.: Non, je ne pense pas. Lors de ce type d’attaque ou de période où le matériel informatique est vulnérable, les hackers installent des espions, des portes dérobées, qu’ils pourront activer à leur guise. Les réseaux d’entreprise sont toujours en danger et ont clairement besoin d’être sécurisés.

R-VRD : Qu’elle attitude une PME doit-elle adopter ?

  1. S.: Déjà, il faut comprendre que si le numérique fait faire des économies, il demande d’abord un investissement. Ne serait-ce que pour changer les postes téléphoniques, changer les PC sous-dimensionnés, pousser vers un équipement plus mobile, etc. Les PME doivent s’orienter vers leurs installateurs informatiques et télécoms de proximité pour bénéficier du meilleur accompagnement. Tout doit venir de la direction qui va pousser le mouvement. Il faut une stratégie de digitalisation qui va se construire avec un partenaire compétent de proximité.

R-VRD : 22 % des PME n’ont pas de site web. Pourquoi ?

  1. S.: La plupart du temps, elles considèrent simplement que cela ne sert à rien. C’est lié à un manque d’ambition et aussi, sans doute, à un manque de compréhension des opportunités commerciales offertes par le web.

R-VRD : Le numérique va-t-il s’imposer chez les PME ?

  1. S.: La nouvelle normalité va intégrer le numérique. C’est une évidence. Cette crise a montré que la numérique permettait d’avoir des entreprises plus résilientes. Mais il va falloir faire vite et que le ralentissement économique ne bloque pas trop les investissements. Je dirais pour finir que cette transformation est importante pour l’attractivité des entreprises. Les entrants sur le marché du travail sont des « digital-native », ils sont nés et ont grandi avec ces outils. Une entreprise qui n’aura pas pris ce virage ne les attirera pas.

Propos recueillis par Sébastien Battaglini