Télécoms d'entreprises
Mercredi 11 décembre 2019, Élisabeth LAMURE, présidente de la délégation sénatoriale aux entreprises, et Patrick CHAIZE, président du groupe numérique du Sénat, ont organisé un petit déjeuner de presse, en présence de Laurent SILVESTRI, président, et d'autres représentants du Club des dirigeants réseaux et télécoms (CDRT), sur le thème "Télécoms d'entreprises : la transformation numérique et la compétitivité des entreprises françaises en danger ! Et si tout se jouait maintenant ?".
Conférence de presse du 11 déc. 19 au Sénat
Discours de Laurent Silvestri, Président du Club des Dirigeants Réseaux & Télécoms.
Madame la Présidente de la Délégation Sénatoriale aux Entreprises,
Monsieur le Président du groupe Numérique du Sénat,
Mesdames les Sénatrices, Messieurs les Sénateurs,
Je tiens avant tout à vous remercier pour votre accueil et pour le temps de parole que vous m’accordezpour nous adresser ensemble aux médias présents, que je remercie aussi. Je remercie aussi Bruno David, directeur général de Foliateam, David Brette, directeur associé de Sewan, Damien Watine, président de Unyc et Jean Michel Texier, président du groupe Convergence pour leur présence à mes côtés.
Le moment est crucial. La Délégation Sénatoriale aux Entreprises le sait et l’écosystème numérique apprécie votre attention aiguisée à la digitalisation des entreprises.
Depuis de nombreuses années, le numérique prend une place de plus en plus importante dans notre quotidien. Il en est de même pour les entreprises. Au-delà des services télécoms, les services numériques et les innovations associésapportent une réelle valeur ajoutée.
Partout en Europe, les offres se sont enrichies pour faciliter la transformation numérique des entreprises.
L’internet est vendu avec les solutions de sécurisation des réseaux et de protection des données. Les services fixes et mobiles sont enrichis d’applications de communication alliant audio, vidéo et tchat pour améliorer la collaboration entre les équipes et faciliter la mobilité ou encore le télétravail.
L’internet et le cloud permettent aux entreprisesd’accéder à de nouveaux marchésde se digitaliser et d’être plus compétitives.
En France, les fournisseurs de ces services forment l’écosystème numérique.
Issu de la convergence des métiers des réseaux, des télécoms et de l’informatique, l’écosystème numérique s’est organisé durant les dix dernières années pour accompagner le développement del’économie numérique.
Plus agiles que les opérateurs historiques, l’écosystème numérique accélère.
Nous estimons qu’il est constituéd’environ 1500 opérateurs de proximité, répartis sur l’ensemble du territoire.
Ils se développent, investissent, innovent et apportent aux entreprises les services et l’accompagnement nécessaire à la réussite de leur digitalisation. Mais surtout, ils leurs apportent de la proximité, le dernier kilomètre. Une vraie relation de confiance, sans doute plus importante qu’avec de grands acteurs nationaux.
Ces nouveaux opérateurs sont une véritable source d’innovation et de compétitivité pour nos territoires et leurs entreprises. Selon les estimations du CDRT, ils réalisent conjointement un chiffre d’affaires supérieur à un milliard et demi d’euros. Ils emploient plusieurs dizaines de milliers de salariés et ne cessent de croitre et recruter.
A l’instar de l’artisanat, premier employeur de France, l’écosystème numérique estle troisième opérateur de détail des télécoms d’entreprises.
Orange, SFR et les réseaux d’initiative publiques, les RIP, développent les infrastructures haut débit de notre pays. Letroisièmeopérateur les enrichit de services numériques. Son rôle est primordial dans l’économie française, primordial pour la compétitivité de nos territoireset de nos entreprises.
Les entreprises ont besoin d’un Internet haut débit fixe et mobile de qualité. Nous en avons tous conscience. C’est pourquoi, il est important de favoriser les investissements des opérateurs dans ce sens. Depuis 2015, le déploiement de la fibre optique s’accélère, favorisé par le plan très haut débit, lancé par le gouvernement.
Orange, SFR, et une multitude de plus petits opérateurs, investissent massivement sur la zone privée au même titre que les RIP sur la zone publique.
Le réseau fibre dédiéeaux entreprises apporte une belle densité. Mais ses prix sont et resterons trop élevés pour répondre aux petites et moyennes entreprises. Le budget Internet d’une PME est de l’ordre de 100 euros par mois, là où une fibre dédiée est 3 ou 4 fois plus chèredans le meilleur des cas.
Le déploiement de la fibre mutualisée - le fameux FTTH - est donc critique pour lestrois millions de TPE et PME françaises.
Orange et SFR ont une avance incroyable dans le déploiement, notamment parce qu’ils ont la responsabilité du réseau du grand public. Celui des box que nous avons tous à la maison.
Depuis trop longtemps, les opérateurs alternatifs demandent un accès au réseau FTTH.
Bien qu’en position dominante sur le marché, Orange n’a toujours pas ouvert l’offre à ses clients opérateurs.
De son coté, SFR propose une offre,certes. Mais son tarif pour les opérateurs est bien trop élevé, ne laissant que quelques euros de marge. Sans parler de la qualité des services, très en dessous de celle des RIP.
Seuls les réseaux d’initiative publique semblent respecter une concurrence loyale.
Après plusieurs années de préparation, soutenu par l’ARCEP, la BPI et Caisse de dépôts, Kosc Telecom, le RIP de la zone privé,arrive sur le marché et apporte enfin à l’écosystème l’offre tant attendue.
Kosc incarne un modèle d’opérateur de gros neutre, hautement préconisé par un rapport récent de l’OCDE pour favoriser une concurrence loyale.
L’offreKosc donne de l’air à l’écosystème numérique. Depuis, la croissance est très forte etelle entrainetout l’écosystème.
A croire que cela n’a pas plu à certains.Malgré la croissance, les conflits et procédures ont ralenti le développement, refroidi les actionnaires,et entrainé trop rapidement Koscau dépôt de bilan.
Alors oui, vous vous en doutez, aujourd’hui tout l’écosystème attend qu’un repreneur se positionne pour redonner vie à l’entreprise et nous l’espérons au modèle d’opérateur de gros neutre.
Maintenant, quelles sont les conséquences de la situation de Kosc ?
Bien que soutenant Kosc au quotidien, ses clients s’inquiètent. Et si Kosc ne trouvait pas de repreneur ? Plus de 65000 entreprises seraient coupésd’internet. Doit-on anticiper une coupure pour protéger nos clients ou doit-on attendre et espérer comme l’ARCEP, qu’un repreneur se positionne ?
Les actions de la Caisse de dépôts ou encore de l’autorité de la concurrence, semble montrer qu’ils ne croient pas au modèle Kosc, à un opérateur de gros neutre et donc à la libre concurrence.
Alors oui, l’écosystème est en panique. Aucun plan de repli n’existe pour exploiterle réseau FTTH Orange. Le pire peut arriver pour les clients maisaussi pour toutes les entreprises encore en attente de transformation numérique.
Qu’attendons-nous ?
En tant que président du CDRT, et représentant de l’écosystème numérique, j’appelle l’Etat à soutenir ses PME, j’appelle l’Etat, l’ARCEP et l’ADLC àorganiser la concurrence loyale et arrêter de soutenir exclusivement le duopole Orange/SFR.
Le modèle Kosc est bon et nous espérons qu’un repreneur,suffisamment solide,nous permettra de poursuivre la digitalisation des entreprises que nous avons commencé.
Mais nous voulons aussi et surtout des garanties et une régulation plus juste :
- Un plan B en cas de disparition de Kosc
- Une ou plusieurs offres de gros sur les principaux réseaux Fibre déployés.
- Des contraintes et du contrôle sur la qualité des offres fournit par les opérateurs d’infrastructures.
- Nous demandons aussi une étude attentive de l’impact de l’achat de Covage par Altice. Après avoir financé le réseau avec des aides publiques, pourquoi le revendre à SFR, et recréer ainsiunduopole sur les infrastructures ?
Les événements des derniers mois inquiètent l’écosystème numérique. Nous souhaitons que l’Etat prenne la mesure des actions nécessaires pour soutenir la compétitivité des PME. Que la transformation numérique des entreprises devienne une réelle priorité. Et pour cela, que les entreprises puissentse procurer l’Internet dont ellesont besoin, auprès de l’opérateur qu’elles auront librement choisi.
Alors oui. La transformation numérique et la compétitivité des entreprises est en danger ! Etoui, tout se joue maintenant !
Madame la Présidente de la Délégation sénatoriale aux entreprises,
Monsieur le Président du groupe Numérique du Sénat,
Mesdames les sénatrices, Messieurs les sénateurs,
Je vous remercie de votre écoute et j’espère vivement que mes propos contribueront à faire évoluer la position des pouvoirs publics à l’égard de cette situation.La digitalisation des entreprises n’est pas une alternative mais une priorité. Que la régulation favorise, comme elle le doit, une concurrence équitable sur le marché des télécoms et quelle permette enfin à nos entreprises de profiter de l’économie numérique.
Encore une fois, merci.
Le Sénat se mobilise pour sauver l’opérateur Kosc
La faillite du groupe de télécoms menace de priver 65.000 PME d’un accès à internet.
Par Elsa Bembaron - Publié 12/12/2019
L’objectif de Kosc était de rendre la fibre plus accessible pour les PME. Chepko Danil, chepko@yandex.ru/Chepko Danil - stock.adobe.com
La bonne idée va-t-elle virer à la catastrophe industrielle ? L’opérateur télécoms Kosc a été lancé pour « introduire de la concurrence » sur le marché dédié aux entreprises. Trois ans plus tard, il risque de mettre la clef sous la porte, au risque de voir «plus de 65.000 entreprises, essentiellement des TPE et des PME, privées d’accès à internet», affirme Laurent Silvestri, président du Club des dirigeants réseaux & télécoms (CDRT). Une inquiétude partagée par la Délégation sénatoriale aux entreprises qui tire la sonnette d’alarme. « Nous avons alerté les régulateurs et les cabinets ministériels concernés il y a quelques semaines, sans voir de réponse », ajoute Élisabeth Lamure, sénatrice.
La naissance de Kosc répondait à une préoccupation commune à l’Autorité des télécoms (Arcep), l’autorité de la concurrence (ADLC) et de la Banque des territoires. «Il fallait mettre fin au duopole d’Orange et SFR sur le marché des entreprises», rappelle le sénateur Patrick Chaize. Or déboutant une demande de Kosc face à Altice SFR en septembre 2019, l’autorité de la concurrence a précipité sa chute.
Kosc est un opérateur de gros: il vend des connexions à des sociétés qui les revendent avec d’autres services à des entreprises. L’objectif était que ce nouvel entrant tire vers le bas les prix de la fibre pour les PME. «Aujourd’hui, pour bénéficier d’une offre dédiée, avec un débit et des services garantis, une PME doit débourser entre 400 et 600 euros par mois. C’est un coût que beaucoup ne peuvent pas supporter», explique Laurent Silvestri. Néanmoins, ces petites et moyennes entreprises sont demandeuses d’un raccordement à la fibre, indispensable pour le passage au numérique. La CDRT se plaint de délais de raccordement à la fibre «pouvant atteindre un an», chez SFR! Pour Laurent Silvestri, Kosc «est un opérateur neutre qui entraîne avec lui tout un écosystème». Lequel risque d’aller au naufrage en cas de disparition de Kosc.
Depuis début décembre, le groupe est en redressement judiciaire. Il bénéficie d’une période d’observation de six mois, avec poursuite de son activité sous l’assistance d’un administrateur judiciaire. Celui-ci devrait lancer cette semaine un appel d’offres pour trouver un repreneur à Kosc. Bouygues Telecom a déjà regardé le dossier, mais sans donner suite pour le moment, D’autres noms circulent, comme celui d’Axione, un opérateur de réseaux télécoms. Des fonds d’investissement, spécialisés ou non dans les infrastructures, pourraient également être intéressés, alors qu’un mouvement de consolidation est enclenché dans ce secteur. Mais il leur faut avoir des horizons d’investissement à long terme compte tenu du modèle économique de Kosc. «On voit bien des marques d’intérêt», commente Antoine Fournier, PDG de Kosc, qui préfère rester prudent dans ses pronostics.
Des dizaines de millions
Les sommes à injecter vont dépendre du profil de l’éventuel repreneur. Hors synergies avec un acteur industriel, il faut encore «plusieurs dizaines de millions d’euros pour arriver à l’équilibre». Les télécoms sont une industrie de coût fixe, ce qui implique qu’il faut laisser le temps à l’opérateur de remplir son réseau pour qu’il puisse enfin dégager des marges.
Face à cette incertitude, la Délégation sénatoriale aux entreprises demande au gouvernement de «sauver le modèle Kosc». C’est-à-dire de maintenir l’activité d’un troisième opérateur sur le marché des entreprises.
|
Très haut débit pour les entreprises : le Sénat alerte le gouvernement
Sur le front des télécoms, les sénateurs sont décidément très remontés envers le gouvernement. Alors que les parlementaires ont récemment pesté contre l'enveloppe, jugée insuffisante, octroyée par l'exécutif pour déployer la fibre dans les territoires ruraux, ceux-ci ont interpellé les pouvoirs publics, ce mercredi, concernant sa politique dans les télécoms pour les entreprises. Plus précisément, la Délégation aux entreprises et le Groupe numérique du Sénat s'alarment depuis des semaines de la situation de Kosc.
Suite à un conflit avec Altice, l'avenir de cet opérateur de gros sur le marché des télécoms professionnelles est incertain. En grandes difficulté financière, celui-ci a été placé en redressement judiciaire et cherche un repreneur. La situation de Kosc sème le trouble sur le marché de la fibre pour les entreprises. Son activité est jugée stratégique par l'Arcep. Le régulateur des télécoms a tout fait, ces dernières années, pour épauler Kosc. L'Arcep le perçoit comme un catalyseur de la concurrence dans un marché dominé par Orange, et dans une moindre mesure par SFR. L'objectif étant, in fine, de permettre enfin aux TPE et aux PME d'accéder à des offres Internet fixe bon marché.
Aux yeux des sénateurs, la disparition de l'activité de Kosc constituerait un désastre pour la numérisation des entreprises, un domaine où la France est en retard. A plusieurs reprises, les parlementaires ont demandé au gouvernement de se saisir du dossier. Mais leurs interpellations sont restées lettres mortes. « Nous avons alerté le gouvernement au plus haut niveau, mais les échos sont négatifs », canarde Elisabeth Lamure, sénatrice du Rhône (LR) et présidente de la Délégation sénatoriale aux entreprises. « Nous n'avons eu aucune réponse des pouvoirs publics concernant notre principale préoccupation : la possibilité que 65.000 PME (bénéficiant d'une ligne Kosc, Ndlr) se retrouvent sur le carreau, sans Internet... », déplore-t-elle.
Même son de cloche pour Patrick Chaize, sénateur de l'Ain (LR), et président du Groupe numérique du Sénat. Le parlementaire souhaite que le gouvernement soutienne « le modèle de Kosc », qui vend de la connectivité en gros aux opérateurs alternatifs - lesquels la commercialisent ensuite, au détail, aux entreprises. Kosc a surtout une particularité importante : en tant que grossiste pur, il n'est pas concurrent des opérateurs alternatifs sur le marché de détail. Pour Patrick Chaize, le fait que l'exécutif n'ait toujours pas répondu aux inquiétudes des parlementaires concernant l'avenir de Kosc est regrettable. D'autant que la société n'aurait pas vu le jour sans l'aide de l'État. « Kosc est né grâce au soutien de l'Autorité de la concurrence, de l'Arcep, ainsi que de la Banque des Territoires (qui dépend de la Caisse des Dépôts, Ndlr) », rappelle le sénateur.
Une affaire « d'intérêt général numérique »
A travers ce dossier, Patrick Chaize souhaite que le gouvernement prenne à bras le corps le problème de l'accès à la fibre des TPE et des PME. « Notre objectif est que toutes les entreprises françaises puissent bénéficier demain de la fibre sur un réseau neutre, ouvert, à un prix qui soit acceptable », poursuit-il. Elisabeth Namure, elle, qualifie l'affaire « d'intérêt général numérique ». Dans le sillage de la publication d'un rapport sur les télécoms professionnelles et la situation de Kosc, elle évoque la possibilité de déposer une proposition de loi.
En fin de semaine dernière, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, a affirmé que l'activité de Kosc, en tant que grossiste pur, était fondamentale pour les télécoms professionnelles. « Nous appelons de nos vœux à la prolongation de cette activité, que ce soit via un adossement différent avec ses investisseurs, ou à travers une reprise du groupe », a-t-il indiqué. Avant d'avertir les candidats à la reprise : « L'important, c'est qu'une activité de gros volontariste soit structurellement garantie. »
Tensions sur le marché des télécoms d’entreprise
La faillite de l’opérateur télécom Kosc, lancé à l’origine pour casser le duopole d’Orange et SFR, inquiète. Plus de 65 000 entreprises pourraient être privées d’Internet. Le Sénat appelle l’Etat à réagir.
Que va-t-il advenir de Kosc ? En faillite, le trublion des télécoms professionnels, lancé il y a près de quatre ans avec la bénédiction des pouvoirs publics pour bousculer le duopole d’Orange et SFR sur le marché des entreprises, cherche un repreneur. Un appel d’offres était sur le point d’être publié, jeudi 12 décembre, par l’administrateur judiciaire. Les candidats au rachat de l’opérateur auront jusqu’au 27 janvier pour déposer leurs offres.
Dans le monde des télécoms, l’onde de choc est palpable. « Les clients s’inquiètent. Plus de 65 000 entreprises risquent d’être privées d’Internet si Kosc ne trouve pas de repreneur. La transformation numérique et la compétitivité des TPE et des PME est en danger », assure Laurent Silvestri, président du Club des dirigeants réseaux et télécoms (CDRT), un groupe d’affaires qui réunit près de 200 professionnels du secteur.